La psy qui parle

Cette page a été rédigée avec Audrey la « psy qui parle ». Elle accompagne en oncologie des femmes confrontées au cancer.

Rendez-vous sur son blog pour lire d'autres précieux conseils et échanger avec elle !


Comment gérer la peur face à la maladie?



Face à la peur, il y a deux réflexes automatiques : vouloir positiver à tout prix et vouloir supprimer la peur en ravalant ses émotions, en minimisant ce qu’on ressent.

Quand vous entrez en lutte avec cette émotion qu’est la peur, vous mettez de l’énergie dans la lutte au détriment de ce qui est important pour vous.


Voici 3 astuces pour vous aider à apprivoiser la peur :

  • prendre conscience de ce qui se passe dans votre corps et votre esprit quand vous avez peur: repérer les symptômes que vous ressentez (tension musculaire, accélération du rythme cardiaque) et les pensées négatives (« je vais avoir une récidive ») qui se manifestent
  • réduire le champ d’incertitude en allant à la pêche aux informations auprès des soignants, médecins, sites internet fiables. Ce qui fait peur, c’est l’inconnu
  • nourrir la partie sereine qui est en vous en faisant une activité qui vous ressource, qui vous fait du bien, en étant à l'écoute de vos besoins profonds

Utilisez des techniques qui permettent de réguler les émotions : relaxation, techniques de respiration abdominale, méditation de pleine conscience.

Parlez-vous avec gentillesse. Vous n’apprécieriez pas qu’un proche vous dise de façon autoritaire « tu n’as aucune raison d’avoir peur ». Pourtant c’est que ce que vous faites régulièrement avec vous-même.

Enfin, essayez de vous demander le plus souvent possible : avec cette action, est-ce que je suis en train de nourrir mes peurs ou est-ce que je vais vers quelque chose qui est important pour moi ?


Comment se sentir compris par ses proches?


J’entends parfois que l’aide des proches n’est pas toujours suffisante ou adaptée. Comment favoriser leur soutien?

Arrêtez d’attendre. J’entends souvent : « C’est logique il devrait savoir que j’ai besoin de ça ». Cependant, vos proches ne lisent pas dans vos pensées et ne savent pas comment vous soutenir.

Exprimez vos besoins. Prenez le temps de réfléchir à ce qui vous ferait du bien : Un coup de main pour le ménage ? la cuisine ? les enfants? Parfois, on a seulement besoin d’être écouté sans recevoir de conseil. Cette idée vous parle? Alors dites-le à vos proches!

Dépassez vos aprioris. Comme l’impression qu’on ne va pas vous écouter ou vous comprendre, la peur d’« embêter » votre proche ou de lui créer du souci. Je vous assure que les membres de votre famille se sentent impuissants et ont envie de vous soutenir. En leur disant précisément ce dont vous avez besoin, vous pouvez les aider à vous aider.

Durant les traitements (et même après) votre humeur varie d’un jour à l’autre. Certains jours vous aurez besoin qu’on vous « booste » et d’autres, vous aurez simplement envie qu’on vous laisse tranquille. Je vous incite à informer votre famille ou vos amis en leur donnant votre « météo mentale » du jour. Ce sera plus facile pour eux de vous apporter un soutien adapté.


Cancer: comment en parler à son enfant?




Faut-il en parler à son enfant?


OUI!


Quand?


Idéalement le plus tôt possible, et surtout quand vous vous sentez prêt(e)! Je constate qu’il est toujours plus facile d’en parler quand vous avez déjà abordé le sujet avec un proche ou avec un professionnel de santé; autrement dit quand l’annonce commence a un être un peu « digérée ».

En général, c’est intéressant de partir de ce que l’enfant comprend ou connait de la situation actuelle en l’interrogeant sur la manière dont il voit les choses. Vous pouvez par exemple lui demander s’il sait pourquoi vous avez passé des examens à l’hôpital. De cette manière, vous pourrez adapter votre discours en lui donnant les informations manquantes.

Vous pouvez le dire à votre enfant même s’il ne parle pas encore. Les tout petits comprennent déjà beaucoup de choses même à 1 ou 2 ans. Si l’enfant n’est pas informé, il va percevoir un changement négatif et il est possible qu’il s’en attribue la responsabilité.

L’enfant pourra peut-être se dire que si sa maman est moins patiente que d’habitude ou si elle est triste c’est sa faute.

Malheureusement quand le petit ne comprend pas ce qui se passe il s’invente une explication qui est souvent pire que la réalité.


Faut-il prononcer le mot cancer?


C’est un mot qui fait très peur, on l’associe souvent à la mort ou à la dégradation physique… en tout cas c’est généralement la représentation que les adultes ont à l’esprit.

Tandis que pour l’enfant, le mot « cancer » n’a pas de signification précise lorsqu’il l’entend pour la première fois.

Ce n’est pas tant le mot qui lui fera peur, mais plutôt la manière dont ses parents se représentent ce terme.

Je vous invite à employer des termes qui vous semblent appropriés et qui peuvent être compris par l’enfant en fonction de son âge et sa maturité. Il est important d’utiliser les mots avec lesquels vous vous sentez à l’aise!

Par exemple, si vous préférez dire « lésions ou cellules malades » plutôt que le mot « cancer », ce sera peut-être plus facile pour vous d’en parler. L’enfant a surtout besoin de comprendre ce qui va changer dans son quotidien (p.ex. les grands-parents vont l’amener à l’école).

Précisez que la maladie n’est pas contagieuse et que votre enfant n’est pas responsable de ce qui vous arrive.


Est-ce que ça peut traumatiser mon enfant?


Parler de la maladie et expliquer à votre enfant ce qui va changer c’est lui permettre de s’adapter à la situation. Le fait de ne rien savoir est parfois plus difficile à vivre que d’être informé.

Le p’tit point émotion: « Je ne veux pas que mon enfant me voie pleurer »

Evidemment aucun parent n’a envie que son enfant le voie pleurer, cependant en cachant vos émotions c’est une pression supplémentaire qui s’ajoute au moment de cette discussion. C’est un évènement difficile à vivre, il est donc normal et adapté d’avoir une réaction de tristesse. De plus, en vous voyant pleurer, l’enfant s’autorisera lui aussi à exprimer ses émotions


Retour à la vie « normale », c’est quand le changement?


Le retour dans le « monde réel » n’est pas aussi naturel qu’on pourrait le croire. Vous avez lutté pendant des mois et vous vous rendez compte qu’il faut encore fournir des efforts pour retrouver votre énergie, votre corps, votre travail. Vous viviez au jour le jour et maintenant vous êtes davantage dans l’anticipation face à des questions sans réponse : « Est-ce que la maladie va revenir ? Est-ce que je vais pouvoir reprendre une vie normale? » De plus, l’entourage familial et professionnel vous attend comme avant.


Les « nouveaux défis » les plus cités par les patients:

  • Se réconcilier avec son corps et sentir qu’il vous appartient (après avoir été entre les mains de la médecine, vous pouvez avoir l’impression que ce n’est plus vous qui décidez pour vous)
  • Réfléchir et faire le point: progressivement vous faites le tri (vie affective, professionnel, nouvelles priorités, mode de vie)
  • Accepter dans un premier temps d’avoir un rythme de vie différent
  • Définir de nouveaux objectifs, de nouveaux projets de vie


Les 3 reflexes de la pensée qui ont tendance à plomber le moral :

  • La comparaison à avant (« j’étais plus rapide pour faire mon ménage»)
  • La tendance à se dire « Il faut que… » (c’est le petit chef autoritaire qui sommeille en nous et qui donne des ordres)
  • Vous pensez « il y a pire que moi, je n’ai pas le droit de me plaindre ».
Pour changer ces réflexes, la première étape est d’en prendre conscience. La deuxième étape consiste à vous considérer avec bienveillance, comme vous aimeriez qu’un proche vous parle.


Au lieu de faire une activité d’un seul trait, essayez de la diviser en plusieurs sous-activités. Au lieu de faire le ménage de la cuisine en une seule fois, faites les placards lundi, le sol mardi etc. Au lieu de voir vos amis toute une soirée, proposez-leur de prendre un café. Au début vous aurez une petite voix dans votre tête qui vous dira « Ce n’est pas beaucoup par rapport à ce que je faisais » mais à force de persévérance vous verrez que cette petite voix vous embêtera moins. En commençant par vous fixer 1 objectif par jour, vous allez pouvoir avancer.

Nous avons plutôt tendance à voir le chemin qui reste, cependant il est important de regarder en arrière pour constater le chemin parcouru.Le fait qu’il y ait des jours où ça va mieux et des jours où ça ne va pas du tout est normal. Vous allez évoluer de manière cyclique. Certains jours vous ferez face aux mêmes angoisses, mais il y aura un petit quelque chose qui fera qu’aujourd’hui c’est différent.



Faut-il avoir un moral d’acier pour guérir du cancer ?


« Si tu ne gardes pas le moral, tu vas réduire tes chances de guérison » « Le moral, c’est 50% de la guérison »…

FAUX ! Ces idées très répandues n’ont jamais été prouvées scientifiquement.

Quand on y réfléchit bien, c’est un peu la double peine : il faudrait savoir composer avec la maladie et aussi contrôler ses émotions. Pour info, ce n’est pas parce que vous ressentez des émotions désagréables que vous êtes pessimistes ou déprimés. C’est même tout à fait adapté de se sentir triste ou en colère face à la maladie. Et puis, si avoir le moral se décidait par la simple volonté ça se saurait.

Voici ce que dit la recherche scientifique :

  • Le stress ne provoque pas et n’aggrave pas le cancer
  • Exprimer ses émotions permet de mieux s’adapter à la maladie

Certaines études montrent qu’il est plus favorable d’exprimer ses émotions plutôt que de les réprimer. Qu’on soit bien d’accord, on est tous amené à un moment ou à un autre à ne pas exprimer nos émotions. Cela ne va pas pour autant provoquer une maladie ou diminuer les chances de guérison. Cependant, exprimer ses émotions semble avoir un impact positif sur le moral et physique. On a souvent envie de se débarrasser de ses émotions ou de les camoufler… en particulier la tristesse. Pourtant « exprimer ses émotions » c’est aussi les mettre en dehors de soi. En les exprimant vous mettez de la distance entre elles et vous. Il est alors plus facile de les observer et de les comprendre. Ne vous inquiétez pas, s’exprimer ça s’apprend !


Comment faire?

  • Donnez-vous la permission de ressentir et de penser comme vous le faites en ce moment.
  • Identifiez l’émotion que vous ressentez. Il y en a 7 : tristesse, joie, peur, colère, dégout, surprise, mépris. Si vous n’arrivez pas à identifier l’émotion, vous pouvez interroger votre corps: que ressentez vous physiquement?
  • Parlez-en à vos proches et/ou à un professionnel de santé
  • Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour vous sentir mieux et si possible, faites-le.

Quelques méthodes pour réguler les émotions: Relaxation / Méditation / Psychothérapie / Sport / Loisirs / Ecriture /ou toute activité qui vous permet de vous sentir mieux dans votre corps et votre esprit.


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