MitoQ et cancer triple Négatif

Bonjour,
je viens de prendre connaissance d'une étude menée en Belgique qui concerne la molécule MitoQ,

C'est un antioxydant déjà sur le marché pour prévenir d'autre pathologie, et testé cette fois-ci dans le cancer du sein triple négatif.
Les résultats chez la souris sont plus que significatifs, tant pour contrer les métastases que les risques de récidive.
L'étude de phase 1 a mis en évidence une efficacité proche des 80% de réussite chez des souris porteuses de cancer triple négatif humain !

L'étude de phase 2 et 3 est en cours, et a priori clause au recrutement.
Avez-vous un avis sur cette étude aux résultats déjà prometteurs?
Conseilleriez-vous aux patientes sous chimio de prendre d'ores et déjà ce complément alimentaire qu'est le MitoQ, et si oui sous quelle posologie?

lien vers l'étude:
https://uclouvain.be/fr/instituts-recherche/irec/actualites/1ere-mondiale-un-medicament-previent-les-recidives-et-metastases-du-cancer-du-sein-humain.html

Bonjour,
Apres avoir contacté le professeur qui dirige ces recherche à l'institut IREC, voici sa réponse qui déconseille l'utilisation de cette molécule à ce stade de l'avancée des connaissances:

Cher Monsieur,

Je vous remercie pour l’intérêt que vous manifestez pour le travail de mon équipe à l’UCLouvain. Etant Docteur en Sciences Pharmaceutiques mais pas Médecin, je ne peux pas me prononcer sur les cas particuliers. Je ne peux donc qu’apporter une réponse générale à vos questions. Concernant le MitoQ, il est important de savoir que :

1 – Il s’agit d’un traitement préventif de récidives et de métastases. Il n’est donc pas actif sur des rechutes déjà établies et sur des métastases déjà présentes.

2 – En préclinique, chez la souris, le traitement a été testé uniquement dans le cancer du sein triple négatif. Des études, toujours chez la souris, sont en cours pour le cancer du pancréas, et nous envisageons d’étudier, en fonction des subsides que reçoit le laboratoire, le cancer de la prostate. Donc, nous ignorons pratiquement tout de l’efficacité (ou pas) du MitoQ dans d’autres types de cancer que le cancer du sein triple négatif.

3 – La démonstration de l’efficacité du MitoQ a été faite chez la souris. Cependant, le MitoQ a passé avec succès la phase clinique 1, qui étudie la toxicité de la molécule chez des volontaires sains. Cette phase n’étudie pas son efficacité chez l’Homme. La phase 2 sert précisément à cela, car elle permet, notamment, de déterminer les doses à administrer, la voie d’administration, la fréquence d’administration, etc. Ces éléments nous étant totalement inconnus à l’heure actuelle, il est illusoire de penser que le MitoQ à la dose commerciale de supplément alimentaire ait un effet quelconque sur le cancer. Une automédication pourrait s’avérer dangereuse.

4 – la démonstration de la compatibilité du MitoQ avec la chimiothérapie a été faite uniquement in vitro et chez la souris. Le métabolisme humain étant différent de celui des souris, ce sont les essais cliniques de phases 2 et 3 qui établiront de façon définitive si des interférences sont à craindre ou pas. En cas d’interférence, les traitements conventionnels pourraient perdre de leur efficacité.

En conclusions, à ce stade de nos recherches, il est encore trop tôt, voire dangereux, pour les patients cancéreux d’envisager d’utiliser le MitoQ. Dès lors, en dehors du cadre protégé des essais cliniques, je me dois de vous déconseiller fermement son utilisation dans le cadre d’une thérapie anticancéreuse.

Quoique vous décidiez de faire, il est extrêmement important d’informer l’oncologue de votre épouse et de prendre son avis en considération. Il possède l’expertise clinique qu’en tant que chercheur fondamentaliste je n’ai pas.

Veuillez agréer, cher Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Prof. Pierre Sonveaux

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