Conseils
Voici quelques pistes, même si une consultation en ligne n'est pas possible!
Suis-je responsable de mon cancer ?
Dans l’imaginaire collectif, le cancer est souvent associé à la dépression, à l’angoisse. « Elle était tellement inquiète, pas étonnant qu’elle ait développé un cancer du sein » entend-on souvent dans les conversations. Ainsi, je peux être tentée de chercher dans mon passé un élément déclencheur de la tumeur, comme une séparation. Or, il est important de savoir que rien de prouve qu’il y ait un lien direct entre un état déprimé, dépressif et le développement d’une tumeur.
Par contre, mon mental me sera d’une grande aide pour lutter contre la maladie. Si je me sens bien, mon système immunitaire fonctionne mieux. D’où l’importance de s’écouter, de bien s’entourer et au besoin de consulter un psychologue ou un psychiatre pour surmonter la maladie avec force.
Comment surmonter le choc du diagnostic ?
L’annonce d’un cancer s’apparente à un traumatisme dont les étapes d’acceptation sont souvent les mêmes pour tout le monde :
1. Le choc. Non ce n’est pas possible ! C’est l’incrédulité, la déstabilisation. La projection dans le futur, les projets de vie, tout s’écroule d’un coup. On pense qu’on va mourir. Pourquoi moi ?
2. La prise de conscience. Une fois le choc digéré, on réalise petit à petit ce qui se passe. Les sentiments peuvent aller de la colère (sentiment d’injustice) à la culpabilité (je le mérite, j’ai dû faire quelque chose de faux).
3. L’acceptation. Il s’agit d’accepter la maladie puis de se construire « avec elle ». Que va-t-elle changer dans ma vie, dans mon corps, avec mes proches ?
Pour certaines femmes, l’acceptation viendra en quelques jours, pour d’autres cela prendra plusieurs semaines. Certaines auront très vite besoin d’un soutien psychologique, d’autres non. Les parcours de vie, l’entourage ou les ressources psychologiques de chacune déterminent la manière dont on gère la maladie.
Pourquoi le choc émotionnel est-il si violent ? Parce qu’au moment de l’annonce du diagnostic, je me sens en pleine santé. Comme tout le monde, je vis ma vie en pensant qu’elle durera toujours et je perds tout à coup l’illusion de mon immortalité.
Ma vie ne sera-t-elle plus jamais comme avant ?
Beaucoup de femmes vont se sentir à un tournant de leur vie. La maladie, comme un électrochoc, va me faire prendre conscience de certains aspects de mon travail, de mon couple ou de mon apparence que j’aurai envie de modifier. Qu’est-ce que j’ai envie de faire maintenant ? Le cancer provoquera peut-être des changements et pas seulement physiques. Quand on a flirté avec l’idée de la mort, on profite différemment de la vie et des bons moments, on apprend aussi à dire « non ».
Suis-je encore une femme ?
Avant tout effet secondaire, ce qui risque de me perturber le plus, c’est la perte d’autonomie. Pendant toute la durée du traitement, je suis trimballée entre différents spécialistes. Les rendez-vous médicaux sont très fréquents, l’emploi du temps est ultra médicalisé. Pour beaucoup de femmes, le corps est juste là pour recevoir des soins médicaux, il devient comme étranger.
La féminité aussi est mise à mal. Lorsque le corps subit des modifications telles que cicatrices sur la poitrine, perte d’un sein ou chute des cheveux, inutile de dire que l’estime de soi en prend un coup. Porter une perruque peut aider à se stabiliser en cachant la maladie aux yeux des autres. Des cours de maquillage favorisent le retour à la féminité et à la séduction. Et puis, parler mais aussi rire avec son partenaire, ses enfants, son entourage, restent des moyens de dédramatiser la situation.
A chacune sa façon de se réapproprier son corps. Certaines agissent sur leur apparence pour reprendre le contrôle (maquillage, foulards, jolis sous-vêtements). C’est une façon de dire « Je ne suis pas qu’une malade mais aussi une femme ! Ce n’est pas parce que j’ai un cancer que je dois me punir en renonçant au plaisir de séduire ! ». D’autres se réconcilient petit à petit avec leur corps grâce à des massages, des soins de beauté, du yoga ou de la danse.
Comment faire la paix avec ce sein qui m’a trahie ? Peut-être en le regardant comme une partie de moi qui souffre et qui a besoin de réconfort, et non pas comme la source de tous mes maux.
Je suis en couple. Mon partenaire peut-il m’aider ? Il s’éloigne de moi, pourquoi?
Note : le mot "partenaire" est ici utilisé au masculin comme forme générique pour mari, concubin(e), petit(e) ami(e).
Si je suis en couple, et pour autant que ma relation soit stable, mon partenaire sera mon plus fidèle allié dans la guérison. Mais pour lui aussi le chemin sera ardu.
Au sein d’une famille, il faudra sans doute revoir les rôles. Le partenaire devra peut-être s’engager davantage, prendre en charge des tâches qu’il n’assumait pas jusqu’alors. Une réorganisation sera probablement nécessaire, surtout s’il travaille à plein temps.
La communication au sein du couple permet de déjouer les malentendus. Un cas classique d’éloignement : mon partenaire n’ose plus me toucher ou m’entourer de peur de me faire mal ou de me déranger. Et moi j’interprète cela comme "il ne veut plus de moi, je ne l’intéresse plus". Mieux vaut être attentive à ces signes avant de trop s’éloigner.
Autre malentendu : à l’annonce de la maladie, l’homme reste silencieux et se plonge dans le travail, ce qui est interprété comme de l’indifférence. En réalité, il est paralysé, il supporte mal d’être impuissant face à la maladie et n’arrive pas à exprimer ses sentiments. Il sera sans soute soulagé que je décode son angoisse… « Je sais que tu te fais du souci pour moi et que tu as peur »… et que je lui dise ce que j’attends de lui.
Je peux avoir tendance à projeter sur mon partenaire le regard négatif que je porte sur mon corps. « Je ne me trouve pas séduisante. Comment peut-il me voir ainsi ? ». Or, il ne pense pas toujours comme moi. S’il me dit qu’à ses yeux, je n’ai pas changé, je dois le croire ! La féminité va au-delà d’un sein, il y a l’attitude, la personnalité.
Même en cas de guérison, certains couples ne survivront pas au choc. Un partenaire fuira peut-être, effrayé par le changement physique ou psychologique de sa partenaire, ou simplement par l’ampleur du problème.
Certaines femmes décideront quant à elles de quitter leur partenaire. Elles se sentent à un tournant dans leur vie et y mettent de l’ordre. Elles ont envie de profiter du reste de leur existence.
Le cancer peut faire voler en éclat une relation déjà fragile au préalable. A l’inverse, des couples ressortiront plus forts, plus soudés et dynamisés par l’épreuve qu’ils auront surmontée ensemble.
Lors d’une thérapie, il peut être utile d’intégrer son partenaire à quelques séances afin de mieux cerner les problèmes.
J’ai des enfants. Dois-je leur dire que j’ai un cancer du sein ? Mon enfant est angoissé, comment le rassurer ?
Les enfants sentent très tôt, bien avant de parler, qu’il y a quelque chose qui fait trembler l’équilibre familial. Les plus grands verront que leur maman perd ses cheveux, qu’elle est souvent absente, qu’elle pleure ou qu’elle est fatiguée. Ce qu’on leur dit exactement va dépendre de chaque maman mais une chose est sûre : la transparence reste la meilleure alliée pour faire face à la maladie. Parler vaut mieux que ne rien dire, sinon les enfants sentent la menace et cela rend la situation plus grave à leurs yeux. Rien ne sert de dramatiser, mais il ne faut pas en faire un tabou non plus.
Les informations utiles pour l’enfant ? Quelle est la maladie et comment elle se soigne (par exemple avec un dessin), ce qui va arriver à sa maman (symptômes, changements physiques), l’évolution future (sans dramatiser ni minimiser) pour qu’il puisse s’y préparer, le risque pour lui ou le reste de la famille d’avoir cette maladie. Insister sur le fait qu’il n’y est pour rien et souligner qu’on l’aime toujours.
Face à sa maman malade, chaque enfant réagit différemment :
- Il se retire, se renferme sur lui-même
- Il s’angoisse, se fait du souci
- Il s’active, veut tout faire pour aider sa maman
- Il est en colère (une colère qui est toujours, en réalité, adressée à la maladie)
La plupart ont bien sûr peur que leur maman ne guérisse pas. Il s’agira donc de les rassurer.
Dans certaines familles, une relation unique va peut-être naître entre parents et enfants. Avec les adolescents par exemple, ce qui semble insurmontable au départ peut se transformer en une histoire très forte dopée par la maladie.
A lire absolument : la brochure « Comment aider son enfant? » de la ligue suisse contre le cancer. Elle est très bien faite et donne des conseils pour chaque âge, avec des exemples de phrase à dire quand les mots manquent.
Deux livres expliquent avec finesse le cancer aux enfants : Gaspard Chimio (touts petits) et son copain Robby Radio (3-9 ans) luttent contre les « méchantes cellules cancéreuses ».
Je suis célibataire. A qui puis-je me confier ? Suis-je encore capable de séduire ? J’ai un rendez-vous galant, dois-je dire que j’ai eu une ablation du sein ?
Il est important pour les personnes seules de bien s’entourer, d’avoir des personnes proches sur qui elles peuvent compter. Qui est encore là pour moi, malgré la maladie ? Cela peut être une amie, une sœur…
Mes parents peuvent aussi être d’un grand soutien. Mais attention à ne pas retomber dans le schéma parent-enfant qui risquerait de me faire perdre mon autonomie déjà mise à mal par la prise en charge médicale. La maladie peut aussi faire ressurgir d’anciens conflits familiaux.
Pas facile de renouer avec la séduction quand j’ai été blessée dans mon corps et mon âme. Mais la maladie est aussi l’occasion pour moi de redéfinir mes priorités dans la vie. Cela peut déboucher sur une belle rencontre. Pour reprendre confiance, pourquoi ne pas entreprendre une thérapie de groupe ? Je pourrai alors "tester" en jeu de rôle une nouvelle rencontre par exemple.
Difficile aussi d’assumer mon nouveau corps lors d’une rencontre. Pas besoin de parler du cancer lors du premier rendez-vous mais dans le cas où une relation se construit mieux vaut ne pas garder le secret trop longtemps. Si mon partenaire réagit négativement, c’est peut-être par « effet miroir », parce que la maladie le renvoie à ses propres peurs.
Dans l’intimité. J’ai envie de tendresse et mon partenaire de sexe, est-ce normal ? Comment susciter le désir quand on a perdu un sein, ses cheveux?
La sexualité est très liée à l’image que l’on a de soi. Et lorsque le corps subit des changements violents, inutile de dire que l’estime de soi en prend un coup. Suis-je encore désirable ? Suis-je encore une femme ?
Apprendre à accepter ce nouveau corps permettra d’être plus à l’aise à deux. Je peux l’apprivoiser en prenant soin de mon corps nu : appliquer des lotions, choisir des produits de douche dont l’odeur détend, choisir des nouveaux draps, etc. Et ne pas hésiter à se maquiller, se faire belle, pour l'autre mais aussi pour soi-même.
Parler avec son partenaire est aussi important. La femme aura tendance à vouloir plus de tendresse que de rapports sexuels, ce qui peut parfois être difficile à accepter pour l’homme. En discuter permet de mieux comprendre les attentes et les peurs de l’autre.
On trouvera plus d’infos et de conseils dans la brochure « Cancer et sexualité au féminin » de la ligue suisse contre le cancer.
Le traitement a-t-il un impact sur mes émotions ?
La maladie sape le moral (colère, peur, tristesse). Mais ce n’est pas tout : la chimiothérapie et l’hormonothérapie jouent des tours à nos hormones. Conséquence ? Des hauts et des bas au niveau émotionnel. Cela peut se manifester par exemple par de la peur.
A qui parler ?
Je peux m’adresser à un psycho-oncologue. C’est un psy spécialisé qui accompagne les personnes pendant et après un cancer. A quel moment ? Pour certaines, ce sera dès le diagnostic. Pour d'autres, ce sera 1-2 mois après la chimiothérapie. Selon les spécialistes, c'est le bon moment idéal pour faire le point sur ses émotions (peur, image de soi, couple etc) et apprendre à mieux les gérer.
Plus d’info :
La Psy Qui Parle, « parfois plus bavarde que ses patientes », accompagne en oncologie des femmes confrontées au cancer et distille de précieux conseils sur son blog.